Dés le départ, le Turkménistan, ça nous a pas fait rêver : un grand désert de 500 km, un visa de transit de seulement 5 jours pour le traverser avec, a priori, un vent de face… Bref, on savait que ça n’allait pas être une partie de plaisir ! Ça s’est finalement avéré encore pire que ce que l’on pensait…

Avant même d’avoir parcouru les 1er km, les difficultés commencent. Déjà pour sortir d’Iran. Alors que nous n’avions eu aucun problème pour y entrer, un des agents à la douane a décidé de faire du zèle. Tout d’abord avec Nico qui, c’est vrai, s’est permis de mettre un t-shirt sans manche étant donné que nous allons rentrer au Turkménistan ce matin même. Mais même si nous sommes sur le point de passer la frontière, l’agent exige qu’il aille enfiler un t-shirt à manches. De mon côté, j’ai la même tenue que celle portée durant tout notre séjour. J’avoue que ma chemise n’est pas vraiment « réglementaire » puisqu’elle ne m’arrive pas aux genoux mais je n’ai jamais eu de problème. Or, l’agent me demande de mettre un tchador… Bon là j’ai clairement envie de lui répondre « tu te fous de moi!!???? » Mais je me ravise parce que 1) il ne va sûrement pas comprendre ce que je lui dis en anglais et 2) mieux vaut ne pas envenimer la situation. Je fais donc mine de n’avoir pas compris sa remarque. Sauf qu’il ne lâche pas ! Là j’ai envie de lui expliquer que ça va être compliqué étant donné que je n’en ai pas et que je le mettais au défi de pédaler avec un tachdor. Mais pour les mêmes raisons qu’évoquées un peu plus haut, je garde mes remarques pour moi et me dis qu’il faut vite que je trouve une solution. Je pense d’abord à me nouer l’une de nos serviettes de toilette autour de la taille mais elles ne sont même pas assez grandes et je pense que le côté « je sors de la douche » ne va pas lui plaire. Comme je dispose d’un mini kit de couture, je pourrais m’en fabriquer un mais vu mes talents de couturière et le manque de temps, le résultat serait sans doute trop approximatif. Je réfléchis à emprunter celui de la dame qui attend à côté de moi mais je me dis que si elle doit commencer à se dévêtir, ça va faire désordre. Finalement, je me contente d’ajouter un foulard sur mon buff. Ça a l’air de lui convenir puisqu’il tamponne enfin nos passeports. Ouf !

Après cet épisode, nous sommes contents d’arriver sur le territoire turkmène. Mais ça ne dure pas longtemps ! Certes, ils ne nous challengent pas sur notre tenue. Notre passeport français suscite un grand intérêt puisqu’il fait tout le tour des bureaux, passant dans toutes les mains. Ils nous demandent ensuite 12$ chacun pour on ne sait quelle raison. L’apprentissage de l’anglais de notre interlocuteur semble en effet s’être arreté à celui des chiffres ! Puis ils nous demandent de rentrer nos trikes dans le bureau des douanes alors que nous avons déjà passé tous nos bagages aux rayons X… Là tu te dis qu’on frise le ridicule.

Tout ça fait que ça nous a pris plus de 3h pour passer les 2 douanes. On a donc plus 5 jours pour traverser le pays mais 4 jours et demi…
Comme attendu, les 1ers kilomètres nous confirment que nous aurons chaud et un vent de face. La mauvaise surprise : la route est en très mauvais état. Tous ces éléments cumulés ralentissent considérablement notre rythme, nous roulons difficilement à 12-13 km/h… Ces 500 km vont définitivement être très long. Enfin moi ça ne m’inquiète pas plus que ça, j’ai bien l’intention de prendre un camion histoire de nous avancer (sauf que mon coéquipier n’est pas vraiment en phase avec ce projet, enfin les 2 premiers jours en tout cas…). Donc le 1er jour on s’arrête au bout de seulement 50km en se disant qu’il vaut mieux pédaler très tôt le matin pour éviter le vent. Pleins de bonne volonté, on met le réveil à 5h du matin…

« Il est 5h, Paris s’éveille… » Moi je trouve qu’il fait encore bien trop nuit à 5h pour s’éveiller ! Résultat, on prolonge la nuit jusqu’à 6h. Le vent s’est calmé mais la route, elle, n’a pas été refaite pendant la nuit. Même s’ils y travaillent puisqu’on traverse de nombreuses zones de travaux. Une vraie partie de plaisir : rouler sur des graviers au milieu d’un nuage de poussière. Là, je craque, je ne supporterais pas 4 jours comme ça, je veux prendre un camion maintenant ! Bon après une pause à l’ombre et une tranche de pastèque, on repart sur nos trikes et sans camion…

Jeudi 28 août, jour 3, 150 km parcourus : on voit l’échéance se rapprocher dangereusement et notre nombre de km qui augmente beaucoup trop lentement. On décide d’essayer de faire du stop (enfin!) mais il y a très peu de camions ou ils sont pleins. Comme on ne veut pas non plus perdre trop de temps, on se remet à pédaler.
Nous retrouvons la civilisation à Mary oú on se fait inviter à déjeuner. Un repas complet qui nous fait le plus grand bien aussi bien physiquement que moralement. Je m’accorde même une petite sieste pendant que Nico, lui, s’attire les louanges des femmes de toute la résidence !

Les jours se suivent et se ressemblent : l’état de la route ne s’améliore pas beaucoup et on a de plus en plus chaud. Les bouteilles d’eau offertes par les automobilistes sont plus que les bienvenues. Les paysages deviennent vraiment désertiques, on pédale au milieu des dunes où on croise des dromadaires. C’est beau mais pas l’idéal pour planter la tente ! On est obligés de s’installer sur un parking, juste au bord de la route, près d’un vendeur de pastèque. C’est cette nuit là qu’on comprend pourquoi on ne trouve pas de camions pendant la journée, ils roulent tous la nuit !

Au fil des km, je me suis fait une raison : nous devrons boucler ces 500 km sans camion. Et pour y arriver, nous devrons probablement rouler un peu de nuit. Mais la chance nous sourit finalement l’avant dernier jour alors même que nous avons décidé de nous arrêter pour planter la tente. Nous trouvons un petit camion, vide, qui accepte de nous embarquer. Ils nous emmènent jusqu’à Turkmenabate, à 30 km de la frontière. Pas besoin de vous dire qu’on est très contents et surtout soulagés ! Mais aussi super fatigués par ces derniers jours, on s’endort sans rien manger !

Samedi 30 août – c’est aujourd’hui qu’on quitte le Turkménistan et j’avoue que cette perspective nous met en joie ! D’ailleurs, ce matin, on est prêts hyper rapidement. Les routiers nous confient que le passage de la frontière est assez compliqué, rien de très étonnant.

Il est un peu plus de 9h quand on arrive à la frontière. Ils ont l’air un peu plus organisé que la dernière fois. Ils nous font passer en priorité et on a notre tampon de sortie en moins de 2 ! Youhou !
Mais on apprendra qu’il ne faut jamais crier victoire trop vite. Alors que les douaniers ne nous avaient rien demandé, l’un des gardes à l’extérieur exige qu’on fasse vérifier tous nos bagages. Sauf que cette fois, le scanner est en panne. Ils entament de fouiller nos sacoches une à une. Comme je prends tout mon temps pour les vider et les ranger, ils abandonnent après seulement 2 ! Ils demandent cependant à Nico si on transporte une arme ou un tapis…

GOPR1958