Pour notre dernière nuit et pour la 1ère fois en Ouzbékistan, c’est camping !
On s’est choisi un champ à l’écart de la route principale pour ne pas être dérangés. Mais au moment où on se met au lit, c’est-à-dire à 20h, il commence à y avoir de la musique… Comme une petite fête d’adieu sauf qu’on fait pas partie des invités !
Alors qu’on avait manqué le départ de Samarcande avec Suzanna et Martin, on les retrouve juste après la frontière. On fait la route ensemble jusqu’à Douchambé où on est accueillis par la française la plus connue des cyclistes qui passent par le Tadjikistan, Véronique.

La maison de Véro c’est un peu l’auberge espagnole des cyclistes ! Mercredi soir, on est 14 cyclistes, de 8 nationalités différentes, à squatter le jardin. Tout ce petit monde s’organise dans la bonne humeur pour les passages à la douche et la cuisine. Comme on a tous souffert de problèmes intestinaux récents, on est ravis de pouvoir cuisiner nous-mêmes. On s’en donne à coeur joie notamment sur les desserts. De quoi se remplumer un peu avant d’attaquer la Pamir. Difficile de quitter la maison dans ces conditions…

Jeudi 18 septembre – l’appel de la Pamir a sonné ! On quitte Douchambé avec Suzanna et Martin, les sacoches pleines de vivres, notamment de Snickers et de Nuts ! Depuis la France, ce genre de détails peut paraître anodin mais pour nous, ça fait partie des choses qu’on n’avait pas vu depuis très longtemps. Trouver un vrai supermarché avec un rayon gâteaux aussi large que ceux qu’on a en France fait aussi partie des petites joies du voyage !
Je m’engage donc confiante vers la route qui sera sans aucun doute la plus difficile de tout notre voyage. Enfin ce 1er jour ne présente pas de difficulté particulière, on a fait nos 70 km et nos 1000 m de dénivelé. On établit notre campement au milieu des pommiers. C’est marrant de découvrir qu’on n’a pas du tout les mêmes habitudes en camping que Suzanna et Martin. On se met à dîner alors qu’eux ont déjà quasiment fini. Mais bon faut dire que ce soir, je m’étais lancée dans de la grande cuisine puisque j’ai préparé une sauce tomate maison pour la 1ère fois du voyage !

Jour 2 – réveil à 6h sous la brume. Ce matin, je ne sais pas par quel miracle on arrive à être prêts avant l’heure qu’on s’était fixée. Mais on va vite perdre notre avance puisque le câble de vitesse d’Angus va péter au bout d’1 km. Rien de très grave mais les mecs passent bien 1h à le changer.
En fin de matinée, les choses sérieuses commencent, c’est la fin de la route asphaltée. Comme c’est plat, ça se passe plutôt bien. Ça se corse un peu plus l’après-midi quand ça commence à grimper. L’effort à fournir est vraiment important pour atteindre une vitesse de seulement 4km/h ! Mais on avance, c’est le principal, on arrive à peu près à suivre nos amis à grandes roues. Le ciel ne s’est pas vraiment découvert aujourd’hui, on a même droit à quelques gouttes de pluie en fin de journée. Ça fait 2 mois qu’on n’avait pas eu de pluie !
Ce soir, on se sent un peu plus fatigués qu’hier. Du coup, c’est noodles et à 19h tout le monde est sous sa tente.

Jour 3 – ce matin, on bifurque pour prendre la route direction Khorog. Au poste de garde, ils nous avertissent que la route est en très mauvaise état. C’est rien de le dire ! La route, enfin devrais-je plutôt dire la piste, est devenue vraiment difficile par moment : très caillouteuse, parfois sablonneuse, on doit aussi traverser de petits ruisseaux. C’est dur mais les paysages qui nous entourent sont notre récompense. Et puis ce midi, on reprend des forces avec l’assiette de plov qu’on nous a offerte.
Sur la route, on croise des écoliers en tenue impeccable malgré la poussière ambiante et aussi des troupeaux de chèvres, un peu moins impeccables ! Quand on traverse des villages, tous les enfants nous courent après en nous servant des « Hello! » à n’en plus finir. IDEM quand on se pose à proximité d’habitations, on est rapidement entourés par tous ces petits curieux.
L’état de la route a considérablement ralenti notre rythme. Aujourd’hui, seulement 48 km au compteur mais peu importe, on est contents, on avance.

Jour 4 – 7° au thermomètre quand on se lève, on prend notre petit-déj avec les doudounes ! Si ce matin, la route n’a pas été trop déglinguée, la 1ère grosse difficulté apparaît en milieu de journée avec une portion où on doit rouler sur des galets… Une horreur ! Au fur et à mesure, on prend conscience que ça va vraiment être difficile. Une jeune prof d’anglais nous invite chez elle pour faire une pause. On y fait la connaissance de Barbara, une cycliste autrichienne qui fait la route dans le sens inverse. Elle n’est pas très rassurante quand à l’état de la route jusqu’à Khorog…
Mais nous n’aurons pas l’occasion d’en faire l’expérience puisque nous devons faire face à un important problème technique sur Stella qui nous contraint à nous arrêter là. C’est le cœur lourd que nous devons laisser Suzanna et Martin continuer la route sans nous. De notre côté, c’est l’attente qui commence. On n’a vu quasiment aucun camion sur la route…
Heureusement, on est dans un village et Fatima, qui doit avoir 12 ans, nous invite chez elle pour la nuit. Sa sœur et elle nous font une démonstration de danse traditionnelle, les gestes sont très similaires à ceux des danses indiennes. J’essaie de les imiter mais sans grand succès, ça les fait d’ailleurs bien marrer surtout quand elles décident de me rhabiller à la mode tadjik !
Au moment d’aller nous coucher, je demande à Fatima de m’indiquer les toilettes, j’ai repéré qu’elles étaient de l’autre côté de la rue. Là elle m’emmène dans le jardin et me dit de me mettre derrière la 1ère rangée de fleurs. Pourquoi se compliquer la vie !

Nous retrouvons les filles en tenue d’écolière au petit-déjeuner. La cuisine se situe de l’autre côté de la rue. En la découvrant, on a le sentiment d’être projetés plusieurs dizaines d’années en arrière, sol et éléments en terre battue, pain dur trempé dans du lait chaud pour le petit-déj.
Nico qui surveille le « trafic » au poste de garde, aperçoit 2 camions. On file sans perdre de temps. Ils sont tous les deux vides et acceptent de nous embarquer, une chance !

Nous pensions arriver à Khorog le soir-même, nous n’arrivons que le lendemain midi après avoir passé 30h dans le camion… Faire le trajet en camion sur ce type de route, c’est un peu comme avoir fait 27 fois de suite le grand 8. T’as mal partout et l’estomac dans les chaussettes !

Une fois à Khorog, on étudie nos différentes options. Continuer la Pamir en camion ne nous séduit guère. Azub nous propose de nous envoyer des pièces de rechange en express à Douchambé ce qui nous permettrait de continuer la Pamir depuis Khorog. On laisse donc les trikes à Khorog et on retourne à Douchambé en taxi. Après 14h de 4×4, on est de retour à la case départ, chez Véro ! Pile poil pour profiter de la petite fête qu’elle organise vendredi soir.