Mardi 11 novembre – retour sur le bitume après une semaine sans pédaler. Ces 3 prochains jours de route jusqu’à Vang Vien ne s’annoncent pas de tout repos vu le dénivelé. On commence dés aujourd’hui avec un premier col, 1000m de dénivelé en perspective. Vous me direz qu’après le Tadjikistan, ça devrait être une simple formalité. Sauf qu’il fait quelques degrés de plus (trop froid, trop chaud, on nest jamais contents!) et que si l’altitude est beaucoup moins élevée, ça monte finalement plus raide. Enfin, à la pause déj, on est quasiment en haut. On se dit qu’on ne devrait pas arriver trop tard à la guest-house qu’on a repérée puisque d’après l’étude du dénivelé de Nico, une fois en haut, on aura droit à une belle descente et ensuite ça devrait, je cite, « remonter un peu sur la fin »…

Il nous reste encore 30 km quand ça commence de nouveau à monter. Je vous cache pas que c’est pas tout à fait ce que j’avais en tête… En plus, comme à chaque fois où on a passé un col, on a vraiment du mal à retrouver de la motivation pour attaquer une nouvelle montée ensuite. Mais bon, on avance, ça va bien devenir plat ou descendre à un moment donné.

16h : petite pause bananes pour reprendre des forces. Il reste encore une grosse vingtaine de km jusqu’à la guest-house. Étant donné que le soleil se couche vers 17h15, on commence à se dire qu’on risque d’arriver de nuit. Mais chacun de notre côté, on s’accroche à l’idée que ça va bien s’arrêter de monter à un moment donné et de préférence dans pas trop longtemps.

On aperçoit la route au loin et on comprend que la descente c’est pas pour tout de suite. Le moral en prend un coup. On passe dans un village où les enfants s’amusent à pousser les trikes pour nous aider à grimper. Ça nous redonne du baume au cœur. Comme ça a l’air de beaucoup les amuser et que nous, ça nous soulage bien, j’ai bien envie de leur proposer de faire ça jusqu’au bout. Mais ils nous lâchent à la sortie du village, dommage !

Le soleil commence à décliner, les couleurs sont superbes mais il nous reste encore 15 km et physiquement, on commence à flancher. Je craque en me disant qu’on y arrivera jamais. Nico me propose de faire demi-tour pour retourner au village et demander l’hospitalité. Sauf que prendre la décision de retourner en arrière et l’idée de devoir regrimper demain matin ce qu’on vient de faire est trop dur, je préfère essayer de continuer à avancer. En plus, on aperçoit le sommet. On se dit qu’on devrait y être dans pas longtemps et que ça va redescendre sur les derniers km.

18h : on sort les éclairages. Au début, on trouve ça marrant de rouler de nuit sauf qu’il fait vraiment très sombre et avec la forêt environnante, ça devient vite glauque. L’avantage de rouler de nuit c’est que tu ne te rends absolument pas compte du dénivelé. Mais quand tu vois que ton compteur affiche 5km/h, tu te dis que ça doit toujours monter ! Tu fais aussi rapidement le calcul dans ta tête qu’à cette vitesse là, on en a encore pour quasiment 2h. Dans ces moments là (ça arrivera plusieurs fois dans l’heure à venir), j’arrête de pédaler et verse quelques larmes. Ça ne dure que quelques secondes puisque de toute façon, tu réalises que ça ne change rien à la situation et qu’en plus, ça nous fait perdre du temps. Et là vous vous dites, pourquoi continuer dans ces conditions là !? Parce qu’il est absolument hors de question qu’on campe vu toutes les bestioles qu’il y a par ici ! De son côté, Nico essaie de tenir le coup mais je vois bien qu’il est aussi à bout de forces et à bout de nerfs. On essaie de se motiver pour essayer d’accélérer un peu le rythme mais nos jambes ne suivent plus

Au bout d’un très (trop) long moment, on aperçoit enfin des lumières au loin. C’est encourageant. On a même le sentiment que la route est désormais plus plate même si notre compteur ne dépasse toujours pas les 5km/h. D’après notre carte, il ne reste plus qu’un km avant la guest-house et ce n’est que sur ce dernier km que ça commence à descendre !

19h30 : on est arrivé, ENFIN ! On est mort de fatigue et surtout de faim ! Ils doivent s’en rendre compte à la guest-house car ils nous préparent une énorme assiette de riz sauté comme on en a jamais eu. Bilan de cette journée : 2100 m de dénivelé positif cumulé, un nouveau record ! Une séance d’étirements s’impose.

Ce matin, on a les jambes tout ramolo ! Heureusement, ça commence par descendre. En même temps, après la journée d’hier, on en attendait pas moins. Sauf que j’ai bien compris qu’une bonne descente c’était un peu comme le moelleux au chocolat en dessert : 5 min de plaisir pour ensuite de longues et pénibles heures pour l’éliminer. Dans le cas présent, 5 min de plaisir pour ensuite quasiment remonter au niveau d’où on est parti ! Mais la récompense au bout : une superbe vue sur les montagnes.

Jeudi 13 novembre – Une journée facile en perspective : on est dans les montagnes et on doit aller jusqu’à Vang Vieng qui se situe le long de la rivière Song. Mais même la descente ne se passe pas tout à fait comme prévu. Route en mauvais état, zone de travaux, virages très serrés et encore quelques cotes font que le trajet est bien plus long que ce qu’on pensait. Au fur et à mesure de notre avancée, les montagnes recouvertes de forêts laissent place à d’impressionnants pics de calcaire. Le soleil se couche, avant qu’on soit arrivés à Vang Vieng, dans un décor digne d’une carte postale (promis, on vous fera voir une photo quand notre ordi aura repris vie!) On sort, encore une fois, les éclairages pour les derniers km mais ils seront beaucoup moins éprouvants que ceux de la dernière fois. C’est même plutôt agréable de pédaler à cette heure-là car on souffre pas mal de la chaleur en pleine journée. Seul inconvénient c’est que tous les moucherons finissent coller à notre peau moite et crasseuse !

Si les environs de Vang Vieng sont vraiment séduisants, ce n’est pas vraiment le cas de la ville. Les touristes sont quasiment aussi nombreux qu’à Luang prabang mais n’ont pas tout à fait le même profil. La ville est en effet réputée pour attirer un public très jeune avide de soirées festives et alcoolisées. On ne peut plus se permettre ce genre d’écarts en tant que sportifs semi-professionnels ! On teste d’ailleurs une nouvelle activité aujourd’hui : la descente de la rivière sur une chambre à air de tracteur. On se prépare à faire le plein de sensations au milieu des rapides. Finalement, c’est plutôt la rivière tranquille que la rivière sauvage ! On se laisse aller au gré du courant les fesses dans l’eau tout en admirant le paysage. Bien agréable vu la chaleur. L’après-midi détente s’achève dans un hamac au bord de la rivière. Tous ces efforts nous ont évidemment mis en appétit ! Direction l’endroit préféré de Nico : le stand ambulant de sandwichs. La vendeuse n’a pas de mal à nous reconnaître étant donné qu’on est déjà venu il y a moins de 4h !

Samedi 15 novembre – reprise de la route direction Vientiane. On ne pouvait pas partir sans rendre une dernière visite à notre nouvelle meilleure amie, Madame Sandwich. Comme le crudités-poulet ne me tente pas trop pour le petit-déjeuner, contrairement à Nico, je tente ce qu’ils appellent le pancake. En réalité, ça n’a rien d’un pancake, ni d’une crêpe non plus puisqu’elle étale la pâte en la fouettant, un peu comme une pizza. Le résultat : une pâte croustillante très fine, un peu comme une feuille de brick. J’opte pour la version light au niveau de la garniture : banane-nutella-lait concentré (Claire Guigui, si tu avais été là, tu aurais sûrement rajouté du beurre de cacahuète mais je me suis dit que ça faisait too much !)
Même si on a quitté les montagnes, c’est encore bien vallonnée. On n’arrive pas à avancer aujourd’hui, on a l’impression de rouler avec un pneu crevé. Au sommet de la dernière côte de la journée, on rencontre Pascale et Marc, 2 cyclos voyageurs de La Rochelle. Ça fait plaisir de voir des gens de l’âge de nos parents voyager comme ça ! Comme quoi, quand on est en forme, y a pas d’âge pour partir à l’aventure !

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