Samedi 31 janvier – Après quasiment 3 semaines de VRAIES vacances en mode plage, chaises longues et sieste, nous retrouvons l’agitation et la pollution de Bangkok après une nuit dans le bus. Métro et immenses centres commerciaux nous ramènent brutalement à la vie « civilisée ». Pour parfaire notre réacclimatation, nous nous offrons un déjeuner occidental : fish & chips pour Nico et hamburger pour moi. Nous retrouvons Stella et Angus qui sont restés en pension chez un ami de Xavier (le cousin de Nico). Ils ont l’air plutôt en forme mais redoutent un peu le voyage en avion. D’ailleurs, notre principale préoccupation de la semaine va être de les préparer au mieux en vue de l’embarquement.
Première étape : leur trouver un contenant. Par chance, nous dénichons de supers cartons chez un marchand de vélo. A la base pour des vélos pliants, ils sont solides et semblent assez larges. Deuxième étape : le démontage. En deux temps trois mouvements, Stella et Angus se retrouvent en pièces ! La bonne nouvelle c’est que les cadres tiennent dans les cartons qu’on a récupérés. On arrive à caser dans le troisième carton les 6 roues, les porte-bagages et une sacoche vide. Les fauteuils, eux, seront juste emballés dans du papier bulle. Troisième étape : l’emballage. Grâce aux 2 rouleaux de papier bulle que Véro et Bruno nous ont rapportés et aux différentes mousses qu’on a achetées, on a de quoi bien les emmitoufler. Pas question qu’ils arrivent endommagés à Amsterdam, on a encore quelques kilomètres à faire nous ! Dernière étape : la pesée. Et là c’est le drame ! 64 kg au total contre 60 autorisés en soute… Si tu peux facilement alléger une valise ordinaire en te séparant de la 6e paire de chaussure que tu as prise, celles qui vont parfaitement avec ta nouvelle robe et qui te font des jambes de déesse, et d’un des 3 objectifs photo, celui pour faire spécifiquement de la macro et qui pèse à lui seul 1,5kg ; dans notre cas, c’est un peu plus compliqué. Difficile de faire l’impasse sur une roue ou un porte-bagages… Y a plus qu’à croiser les doigts pour qu’on tombe sur quelqu’un d’indulgent.

Afin de profiter des saveurs de la Thaïlande une fois de retour à la maison, on assiste à un cours de cuisine. Salade de papaye verte, pad-thaï et curry n’ont plus de secret pour nous ! Sans vouloir nous vanter, le pad-thaï qu’on a cuisiné est l’un des meilleurs qu’on ai mangé ! Et puis ça y est, on est déjà vendredi, dernier jour au bout du monde. On fait le plein de soleil et on s’offre un dernier massage thaï. Mais cela ne suffit pas à me détendre complètement, je suis super stressée par le fait qu’on est en surpoids. Enfin les cartons, pas nous ! D’ailleurs, on pourrait peut-être expliquer au comptoir d’enregistrement que comme on est vraiment pas gros, ça compense les quelques kilos en plus de nos bagages… Enfin déjà, on a réussi à trouver un taxi assez grand pour transporter nos 3 gros cartons. Il est à peine 22h quand on arrive à l’aéroport alors que notre avion n’est qu’à 2h. Autant dire qu’on ne passe pas inaperçu avec notre chargement ! Je regarde, envieuse, les passagers qui n’ont qu’une toute petite valise et qui font la queue à l’enregistrement, sereins… Je commence sérieusement à paniquer quand on constate que certaines hôtesses pèsent même les bagages à main. On dépasse largement les 7kg autorisés et pourtant on a mis sur nous un maximum de fringues. On repère certains comptoirs où ils ont l’air moins regardant mais il faut évidemment qu’on tombe sur celui où la fille n’a pas du tout l’air commode. Je retiens ma respiration pendant la pesée des bagages et manque de m’évanouir quand je vois s’afficher 65 kg au total. Là tu fais très vite le calcul dans ta tête qu’à 65$ le kilo supplémentaire, ça fait augmenter le prix du billet d’avion de manière non négligeable ! Mais finalement, même pas besoin de se mettre à pleurer ou de sortir notre argument choc « s’il vous plait, on est venu en vélo depuis Paris », ça passe comme une lettre à la poste ! IDEM pour les bagages à main ! On respire !

Samedi 7 février – 10 mois pour rejoindre Bangkok, seulement 15h pour rentrer. Température à Bangkok : près de 30°. Température à Amsterdam : 5°. Dans ces cas là, tu ne t’attardes pas trop à l’aéroport sinon tu as vite fait de reprendre un vol dans l’autre sens. Mais heureusement, on est attendu. Christophe, Gautier et Eli sont venus nous retrouver pour l’occasion. On n’a pas l’impression qu’on s’est pas vu depuis un an. Si ces premières retrouvailles se sont faites de manière tout à fait naturelles, on se sent dépaysés en découvrant Amsterdam, qu’on connaît pourtant déjà. Ses rues pavées, ses jolies cafés, ses vitrines appétissantes, ses maisons étroites… Nos repères sont un peu bousculés, notre porte-monnaie aussi !
En déballant les cartons, on est heureux de constater que Stella et Angus n’ont pas été endommagés par le voyage en avion. Ils auront survécu à tous les moyens de transport !

Lundi 9 février – départ pour la dernière ligne droite après un mois sans pédaler. Christophe et Gautier ont remis en état leur vélo pour faire un bout de chemin avec nous. Direction Bruxelles. Je vous cache pas qu’on s’était dit qu’après 12000 km, le trajet Amsterdam-Paris ce serait finger in the noise ! Bon en fait, pas du tout… C’est plat et pourtant on avance pas ! Même pas 14 km/h de moyenne pour cette première demi-journée… A ce rythme là, forcément on arrive de nuit et en plus de ça, à moitié courbaturés ! Bref, la remise en route est très difficile. On ne souffre cependant pas trop du froid à part au niveau des pieds. Et les délicieux chocolats chauds surmontés de chantilly et les barquettes de frites surmontées, elles, de mayonnaise nous aident à reprendre des forces. Nos compagnons de route, à parts quelques douleurs aux fesses, s’en sortent comme des chefs. Pourtant on ne les ménage pas : une journée de plus de 100 km, 2 crevaisons pour Nico, une après-midi sans pause et une arrivée encore de nuit. J’en paie moi-même le prix avec un genou très douloureux le mardi soir. C’est en boitant que je suis les autres au restaurant… Malgré tout, on arrive tous les 4 à Bruxelles le mercredi midi. Une petite photo souvenir sur la Grand Place et un dernier cornet de frites et c’est l’heure de se quitter. 30 km après Bruxelles c’est l’heure de nouvelles retrouvailles. Cette fois avec Stéphanie, rencontrée chez Véro au Tadjikistan. Elle nous accueille chez ses parents où nous nous attardons jusqu’au jeudi midi, le temps de reposer un peu nos gambettes. Nous repartons sous le soleil et, après une cinquantaine de km, passons notre première nuit en France près de Maubeuge. Nous y commençons notre tournée gastronomique avec une tarte au sucre préparée par Isabelle et Laurent, nos hôtes du jour. Généreusement testée et largement approuvée !

Vendredi 13 février – départ matinal et dans la fraîcheur hivernale du Nord. Pas question de traîner, on est attendu à la capitale dimanche midi. 2 grosses journées en perspective. Et on découvre que le nord de la France est bien plus vallonné que ce qu’on pensait. Décidément ces derniers km sont durs, durs, surtout quand la pluie s’y met samedi. Mais baguette, galette, religieuse et fromage jalonnent notre parcours pour notre plus grand plaisir qui s’achève samedi soir à Meaux. Mais pas de brie pour le diner ! Nous passons notre dernière soirée au Kyriad autour d’une pizza et devant la télé. Une soirée assez atypique après ces derniers mois.

Dimanche 15 février – dernier jour du périple
8h25 – premier coup de pédale. Les jours où on a réussi à partir avant l’heure qu’on s’était fixé ont été très rares dans le voyage, celui-ci en fait partie. A croire qu’on a hâte d’arriver.
9h – on pédale a toute vitesse sur la nationale, pas très agréable mais efficace. Résultat, on est en avance !
10h15 – pause café-croissant à Sevrans. Toilette turque dans le bar, on n’est pas trop dépaysé !
10h45 – on roule tranquillement à côté des coureurs du dimanche sur le canal de l’Ourcq. Le panneau indique 19 km pour Paris…
11h55 – on vient de passer le périph’, ça y est, on est à Paris ! Le retour dans la capitale se sera fait bien plus facilement que la sortie (cf. notre 1er article). On patiente un peu du côté de la Villette, faudrait quand même pas qu’on arrive avant notre fan club !
12h20 – on pédale en direction de l’Opéra. C’est assez étrange de rouler dans Paris mais nous sommes surtout excités et un peu stressés à l’idée de retrouver tout le monde.
12h40 – on croise Patrice, l’un de nos plus fidèles lecteurs, qui est venu avec son vélo. Il prend le tout dernier cliché de l’aventure, devant l’Opéra de Paris.
12h45 – derniers coups de pédale. Ils sont là. Nous sommes émus. Fin de l’aventure.