Fini la bronzette et les bains de mer, c’est pas le moment de mollir, on nous attend à Istanbul !
Vendredi 30 mai, Komotini – le réceptionniste de l’hôtel semble avoir joué toute la nuit aux jeux vidéos puisqu’il dort profondément quand nous sommes sur le point de partir. Cela me prend bien 10 minutes et quelques toussotements, « Hello! » et coups de sonnette pour le réveiller et régler notre chambre.
Nous avons rangé les maillots de bain dans le fond des sacoches et ce sont nos vestes de pluie que nous devons ressortir aujourd’hui. Nous qui croyions qu’on en avait fini avec le mauvais temps… Mais certains gestes nous réchauffent le cœur comme ces sandwichs qui nous seront offerts pour le déjeuner. Peut-être un avant-goût de la Turquie…
Ce soir, dernière étape en Grèce à Alexandroupoli. A l’entrée de la ville, nous retrouvons par hasard Lili et Danny (un couple de cyclistes hispano-colombien que nous avions rencontré au Monténegro) et Julian (un cycliste américain rencontré à Thessalonique). Nous sommes super contents de les voir, nous avons le sentiment de retrouver de vieux amis. Faire parti de la communauté des cyclistes au long cours, ça créé des liens ! Nous décidons de nous donner RDV le lendemain matin pour faire la route jusqu’à Istanbul ensemble. Enfin surtout avec Lili et Danny car Julian, dont l’énergie semble inépuisable, est bien trop rapide pour nous !

Samedi 31 mai – notre petit groupe international passe la frontière turque sans souci. En tant que français, nous sommes les seuls à ne pas avoir à payer de visa ! Le douanier semble surpris (voir dégouté) de voir Nico avec des piercings. Il lui explique que c’est pour les femmes et que les hommes doivent porter la barbe… Bienvenue en Turquie !
Les gardes à la frontière nous recommandent de pédaler très vite si nous croisons des chiens sauvages qui en auraient après nos mollets. Plus facile à dire qu’à faire ! Avec Lili, nous sommes mortes de trouille ! Je glisse quelques cailloux dans mes poches tandis qu’elle garde son bâton de marche à portée de main. Mais nous comptons surtout sur nos hommes pour nous protéger !
Le soir, nous suivons Julian dans un petit chemin sablonneux pour établir notre campement loin de la route. Alors que nous n’avons que nos traditionnelles pâtes à la tomate à partager, nos compagnons de route, eux, cuisinent des légumes qu’ils prennent le soin d’agrémenter d’épices. On se dit qu’on devrait s’en inspirer pour nos prochains repas, ça nous changerait un peu ! Nous profitons de cette occasion pour ouvrir la bouteille de vin albanais offerte par Iris. Une très belle soirée !

Les 3 jours de route qui vont suivre seront assez monotones. Nous roulons sur une 2×2 voies toute droite, qui monte et qui descend sans cesse. Certains jours, nous accumulons jusqu’à 1000m de dénivelé et avec, pas mal de fatigue. Nos journées sont ponctuées par de nombreuses pauses chaï qui nous sont toujours offerts.
Notre folle équipée finira à 4 puisque nous perdons la trace de Julian dimanche alors que nous venions tout juste de le retrouver à une station essence où il nous avait attendu pendant 3h !

Mardi 3 juin – nous prenons la route à la fois excités par la perspective d’arriver ce soir à Istanbul et un peu inquiets par ce qui nous attend. En effet, tout ce que nous avons lu sur l’arrivée en vélo à Istanbul n’est pas très rassurant. Cela nous avait encouragé, avec Lili et Danny, à nous renseigner sur les alternatives mais nous n’avons trouvé aucun ferry.
Pour résumer, arriver en vélo à Istanbul, c’est un peu comme pédaler sur l’A15 aux heures de pointe ! Mais comme a dit Lili « it was not that bad! » En effet, il y a une voie spécifique pour les bus, il n’y a pas trop de camions et les automobilistes semblent plutôt faire assez attention à nous.
18h – Nous quittons Lili et Danny sur le bord de la route non sans une certaine émotion après ces quelques jours passés ensemble mais nous nous donnons RDV dès le jeudi.
Une fois sortis des grands axes, rouler dans les petites rues d’Istanbul s’avère tout aussi éprouvant. Ça grimpe et nous sommes poursuivis par un groupe d’enfants qui ne semblent pas vraiment inquiets par le trafic qui les entoure et qui prennent beaucoup de plaisir à essayer de s’assoir sur le porte bagage et à nous cracher dessus… On aurait pu espérer mieux comme comité d’accueil !
19h – Nous pouvons souffler. L’heure est à la célébration : après 3 mois de voyage et près de 4000 km, nous sommes arrivés à Istanbul en trike ! Nous sommes contents même si nous avons du mal à prendre conscience du chemin déjà parcouru.