Vendredi 3 octobre (25 km / dénivelé cumulé positif: 478m / Altitude max: 2410m) – après une semaine passée chez Véro, en mode sieste et bonne bouffe, nous voilà de retour à Khorog. Nico a changé les pièces cassées et Stella et Angus sont de nouveau prêts à reprendre la route. De notre côté, après cette longue et confortable pause, on l’est un peu moins ! Comme à chaque reprise, on a l’impression que nos trikes pèsent 2 tonnes. A la 1ère côte après Khorog, je suis déjà essoufflée… Ça promet vu ce qui nous attend ! Une 1ère journée pas trop violente puisqu’on s’arrête au bout de 25 km (on était parti à 15h de Khorog).
Samedi 4 octobre (60 km / dénivelé cumulé positif: 726m / Altitude max: 3034m) – première préoccupation pour ce matin, trouver du pain pour les pique-nique des prochains jours. Contre toute attente, on en trouve à la première boutique qu’on voit. Bon celui-ci est tellement dur qu’on pourrait tuer quelqu’un avec ! Mais pour faire passer le tout, j’achète aussi de la mayonnaise. Or, 30 min après, lorsqu’on s’arrête pour notre pause matinale, 2 familles nous offrent 2 pains tout frais, un régal ! Du coup, ce midi, c’est un peu le meilleur pique-nique qu’on ait eu depuis bien longtemps : pain frais, œuf mayo et mêmes des petits saucissons secs
Au fur et à mesure de notre avancée, nous commençons à apercevoir les sommets enneigés. Ceux-ci viennent contraster avec le jaune éclatant qu’ont revêtu les arbres avec l’automne. Nous sommes contents d’évoluer dans un tel environnement surtout que la route est de nouveau asphaltée et les voitures très rares. Un vrai bonheur après ce qu’on a connu.
Il est 16h et nous avons quasiment fait les 60 km que nous nous sommes fixés. Nous nous mettons en quête d’un endroit où camper et repérons un terrain idéal non loin d’une maison. Lorsque nous demandons à la maîtresse des lieux si nous pouvons installer notre tente, elle nous propose tout de suite de dormir chez elle en nous disant qu’il risque de pleuvoir. C’est vrai que le ciel est menaçant et la perspective de passer la nuit au chaud est tentante. Bon il ne fera pas si chaud que ça à l’intérieur puisqu’il n’y a pas de carreaux aux fenêtres ! Mais heureusement, elle allume le poêle pour cuisiner et nous invite à nous installer autour pour nous réchauffer. Elle nous prépare un vrai repas de sportif : pâtes et pommes de terre. S’ils nous installent pour la nuit un peu trop loin de la chaleur du poêle à notre goût, ils nous fournissent à chacun une couette qui doit faire près de 5 kg. Une fois installé dessous, tu peux à peine bouger !
Dimanche 5 octobre (44 km / dénivelé cumulé positif: 1288m / Altitude max: 3569m) – Comme le reste de la famille, nous avons droit à notre conserve d’eau chaude pour nous faire un brin de toilette. Les prévisions de notre hôte étaient bonnes puisqu’il a plu cette nuit et les sommets sont tout blanc ce matin. Aujourd’hui, nous troquons short/ t-shirt contre pantalon et thermique. Et nous allons devoir rajouter des couches au fur et à mesure de la matinée car il fait de plus en plus froid. Il se met même à pleuvoir.
Avec l’altitude, les villages et la végétation se font rares. Nous arrivons en milieu de journée à Jelondi où nous allons pouvoir nous réchauffer grâce aux sources d’eau chaude. Un vrai bain qui délie les muscles et nous décrasse par la même occasion ! Sauf que ça n’aura pas le meilleur effet sur l’estomac de Nico (à moins que ce ne soit la soupe de mouton qu’ils nous ont servi) puisqu’il va être malade toute la nuit. Déjà que se lever plusieurs fois la nuit, ce n’est jamais très agréable mais quand les toilettes sont dehors et qu’il fait moins de 0°, on est proche de la torture.
Lundi 6 octobre (50 km / dénivelé cumulé positif: 976m / Altitude max: 4309m) – le temps est de nouveau au beau fixe ce matin. Les intestins de Nico sont, eux, encore un peu encombrés mais nous prenons malgré tout la route. Il est à peine 9h et on est déjà en train de parler de vin chaud…
L’ascension s’est faite jusqu’à maintenant en douceur sur une belle route asphaltée. Ce matin, on passe aux choses sérieuses avec notre 1er col : une côte de 12% annoncée + une piste bien dégueu = ça patine un peu au niveau de la roue arrière ! Mais la motivation de gravir notre 1er col nous pousse à chaque coup de pédale. Je suis aussi aidée par M qui chante à fond dans mon iPod. Nico choisit, lui, de jouer les intelos en écoutant des podcasts de RFI. Dans tous les cas, ça fonctionne puisque nous arrivons au bout et atteignons les 4250 m. Youhou ! Et un de fait, plus que 5 !
Bon c’est pas le tout mais y a un vent à te décorner un yak là-haut et c’est l’heure du pique-nique, en route pour la descente ! Sauf que la descente est de très courte durée. On arrive sur un immense plateau hyper venteux avec rien à l’horizon pour se mettre à l’abri. Au loin, on aperçoit une maison, je me prends à rêver que c’est un resto d’altitude comme au ski où vin chaud et tartiflette nous attendent. Il n’y aura évidemment rien de tout ça ! Le pique-nique, tant attendu après tous ces efforts, se résume à une micro-pause recroquevillés derrière un monticule de rochers et 2 tartines de pain avec du faux Nutella.
On repart bien décidés à avancer le plus possible et surtout à essayer de se réchauffer en pédalant. Mais la piste est en très mauvais état. Les kilomètres ne défilent pas assez vite à notre goût et la température de notre corps n’augmente pas beaucoup non plus. Notre motivation de ce matin en prend un coup.
En milieu d’après-midi, nous attaquons le 2e col. La montée est bien moins longue que celle de ce matin mais la fatigue commence à se faire sentir et surtout le moral ne suit plus. Cependant, ces quelques efforts physiques nous permettent de nous réchauffer un peu. Nous arrivons en haut, il est quasiment 17h. On pensait redescendre un peu pour passer la nuit mais il est déjà tard. On décide donc de s’arrêter là et d’installer notre camp à 4200 m. On s’active pour installer la tente et pouvoir se mettre à l’abri du vent qui souffle toujours aussi fort. La soupe et les noodles nous font du bien mais l’effet est de courte durée. Il fait si froid qu’on zappe l’étape lingettes et brossage de dents pour nous mettre au chaud dans nos duvets. Enfin ceux-ci sont loin d’être assez chauds pour les températures hivernales de la Pamir, nous avons donc acheté en plus des couvertures en polaire. Nous nous lançons dans un emmitouflage méticuleux : nous nous enroulons dans la couverture puis nous glissons dans le drap de soie et le duvet (nous portons en plus collant et t-short thermiques + polaire). Après un moment, nous parvenons à nous réchauffer un peu. Dehors, le vent souffle si fort qu’on craint que la tente ne s’envole pendant la nuit.
Mardi 7 octobre (72 km / dénivelé cumulé positif: 292m / Altitude max: 4081m) – la tente est toujours là mais elle est toute givrée. L’eau est quant à elle gelée. Le ciel est d’un bleu azur et le vent s’est calmé. On prend notre petit-déjeuner au soleil en attendant que la tente dégivre. Avec cette lumière matinale, les paysages sont superbes.
Nous rejoignons enfin la piste asphaltée en milieu de matinée et profitons d’une belle descente. Nous arrivons au village d’Alichur en milieu de journée. Nous espérons y trouver eau et pain. Je remarque en croisant les habitants du village que les visages ont changé : la peau est plus foncée, les joues rondes et plus rosées avec l’altitude et les hommes portent un chapeau haut de forme blanc qu’on n’avait pas vu jusqu’à présent. A la seule boutique du village, il n’y a ni eau, ni coca ; rien à boire à part peut-être de l’huile. Pas de pain non plus évidemment mais j’ai repéré des femmes qui en faisaient cuire dans un four à l’extérieur. A l’odeur du pain qui cuit, j’en ai l’eau à la bouche. Sauf qu’il va falloir que je ravale ma salive puisqu’elles refusent de m’en vendre ! Ce midi, nous devrons nous contenter du pain dur que nous avons acheté il y a 3 jours.
Comme les jours précédents, le ciel se couvre et le vent se lève en milieu de journée. Alors qu’avant, nous nous accordions une petite sieste après le déjeuner, nous nous empressons maintenant de repartir pour nous réchauffer. L’après-midi se passe sans difficulté : route relativement plate et asphaltée + vent dans le dos. Bref, des conditions idéales !
Comme nous avons bien avancé, nous nous arrêtons à 16h. Puis c’est notre rituel habituel : montage de la tente, rangement, pâtes et à 18h30, tout le monde au lit !
Mercredi 8 octobre (66 km / dénivelé cumulé positif: 228m / Altitude max: 4146m) – S’il faisait moins froid hier soir, il n’en est rien ce matin. On a les pieds et les mains gelés. Le vent, qui se lève d’habitude en milieu de journée, souffle déjà fort ce matin. Ce froid et ce vent constants ont tendance à nous mettre les nerfs à vif. Mais ce soir, nous savons que nous passons la nuit au chaud puisque nous faisons étape à Murghab. Nous rêvons d’un feu de cheminée, d’une bonne douche chaude et des brochettes de canard dont Véro nous a tant parlées !
Les paysages ce matin sont quasi-lunaires. Cela nous rappelle ceux de la Bolivie, au sud Lipez. Nous rencontrons nos premiers yaks. La route défile à grande vitesse, ça descend et nous avons toujours le vent dans le dos. Nous arrivons à Murghab pour le déjeuner et là, j’avoue que l’hotel, c’est un peu la déception : pas de feu de cheminée évidemment mais pas de chauffage non plus, pas d’eau chaude avant 17h et surtout pas de brochettes de canard ! Du coup, on passe l’après-midi emmitouflés dans nos couvertures en polaire (au moins, ça aura été un bon investissement ces couvertures !)
Jeudi 9 octobre – journée de repos aujourd’hui. On en profite pour faire le plein de barres chocolatées au bazar. Rien à voir avec ceux qu’on a vus jusqu’à maintenant puisqu’ici, les boutiques sont dans des containers. A l’hôtel, on retrouve plusieurs cyclistes croisés à Duchambé et notamment Suzanna et Martin qu’on avait dû quitter sur le bord de la route après nos mésaventures. On est contents de tous se retrouver.